Pour les copropriétaires désireux de conserver leur chaudière atmosphérique, cette manière de procéder a l’avantage d’alléger les devis de 70 à 75 % par rapport à la solution qui consisterait à généraliser la THPE dans tous les appartements.
 

Jacques Liausu, gérant de l’entreprise R’pur

Sur votre site Internet, vous indiquez vouloir donner ses lettres de noblesse à votre métier de ramoneur : que cela signifie-t-il pour vous ?

Cela signifie que si le grand public associe généralement le ramoneur fumiste aux conduits de fumée bois individuels, ce métier est aussi en prise directe avec les problématiques propres aux conduits de fumée gaz et avec la complexité des installations collectives. En ce qui nous concerne, R’pur est une société familiale de six personnes créée en 2005 et implantée à Ustaritz, au Pays basque. Nos clients sont des syndics et des bailleurs sociaux, avec une zone d’intervention qui couvre le Sud-Ouest, voire tout le sud de la France pour ce qui touche aux 3CEp, c’est-à-dire aux conduits collectifs pour chaudière étanches sous pression.

Nous nous sommes, dès l’origine, spécialisés dans le ramonage, l'entretien, le diagnostic, la maintenance et la réhabilitation des conduits collectifs de fumée et de ventilation à tirage naturel. Par la suite, afin de suivre l’évolution technique de notre parc d’immeubles, nous avons ajouté l'entretien et le diagnostic des conduits 3CEp. Tout cela en portant une attention extrême à la conformité, au bon dimensionnement et à la sécurité des systèmes d’évacuation des produits de combustion. Outre notre qualification Qualibat Ramonage en collectif et tertiaire et notre titre de Maître Artisan, nous sommes certifiés PG (Professionnel du Gaz) avec la mention Conduit de fumée. Et nous continuons bien entendu à nous former et à suivre de très près l’évolution de la réglementation et des Avis Techniques.

Dans le cas des immeubles dotés à l’origine de deux conduits de fumée shunt indépendants, vous proposez une méthode de rénovation consistant à en rénover un qui sera dédié aux chaudières THPE, tout en laissant l’autre en service pour les chaudières existantes. Comment cette idée vous est-elle venue ?

Lorsqu’une minorité de copropriétaires souhaite installer de nouvelles chaudières à condensation dans un immeuble et qu’il faut pour cela rénover un conduit shunt, la difficulté que les syndics rencontrent réside dans le fait que les chaudières atmosphériques existantes dans cet immeuble ne pourront pas être raccordées au conduit rénové.

En principe, cela oblige tous les copropriétaires à remplacer leurs chaudières en même temps, ce que les syndics ont beaucoup de mal à faire accepter en assemblée générale de copropriété. Mais un certain nombre d’immeubles chauffés au gaz - en particulier ceux construits avant l’apparition des chaudières mixtes - ont la particularité de posséder deux conduits de fumée. Nous l’avions constaté pour la copropriété Empereur 29 (Bayonne, Pyrénées-Atlantiques), un bâtiment en R+4 de 19 logements dont nous assurons le ramonage depuis 2005. En l’occurrence, ces deux conduits shunt, sur lesquels les chaudières étaient raccordées un peu au hasard, n’étaient distants que de 50 cm.

Dans une même pile de cinq logements, moyennant le dévoiement d’une partie des raccordements, il apparaissait donc possible de relier toutes les chaudières existantes à une même évacuation de façon à libérer l’autre en vue de sa rénovation. L’un des copropriétaires de la résidence Empereur 29 souhaitant faire installer une chaudière THPE dans son appartement, c’est la solution que nous avons proposée au Cabinet Lacabe, le syndic en charge de cet immeuble.

Comment cette proposition a-t-elle été reçue par les copropriétaires ?

Pour les copropriétaires désireux de conserver leur chaudière atmosphérique, cette manière de procéder a l’avantage d’alléger les devis de 70 à 75 % par rapport à la solution qui consisterait à généraliser la THPE dans tous les appartements. Et même s’ils ne profitent pas immédiatement de la rénovation, ces copropriétaires comprennent que les travaux en question leur permettront de faire installer très facilement une chaudière nouvelle génération quand ils le voudront. Pour la résidence Empereur 29, ces deux arguments ont grandement facilité l’obtention d’un vote positif en AG.

Quel système de rénovation avez-vous mis en œuvre ?

La première solution technique envisagée était le conduit 3CEp rénovation type Rénoshunt de Poujoulat, que nous avions déjà posé pour des bailleurs sociaux. Mais faute de pouvoir laisser durablement et en toute sécurité des bouchons de maintenance sur les piquages non utilisés d'un tel conduit, cette solution n’était à nos yeux pas compatible avec les raccordements de chaudières différés dans le temps que nous proposions. Notre choix s’est finalement porté sur le dispositif Rolux Multiflex d’Ubbink qui résout ce problème par l'individualisation des tubages. Grâce à une bonne préparation en amont, le chantier n’a duré que trois jours. L’audit doit absolument être accompagné d’une visite exhaustive des logements afin d’optimiser le choix du conduit à rénover. Il faut en effet s’entendre avec les copropriétaires sur les aménagements nécessaires tels que le déplacement de meubles de cuisine, hottes aspirantes, câblages électriques et autres coffrages.

Qu’attendez-vous maintenant de GRDF ?

Notre solution réclame une excellente connaissance des conduits mais aussi des appartements et même de leurs occupants lorsqu’il s’agit de modifier une cuisine aménagée en place depuis vingt ans. L’audit représente dans ce cas un travail et un coût plus importants que ne le prévoit l’aide de GRDF. Or la prise en charge de cet audit s’avère déterminante pour déclencher l’idée même d’une réflexion sur le sujet au sein du conseil syndical. C’est notamment sur ce volet de l’audit et de son financement que nous attendons le soutien de GRDF.