85% des intrants du méthaniseur proviennent de la ferme. Le reste des déchets provenant d’une usine proche produisant des salades de fruits, du balayage de silos de céréales et des tontes des pelouses du centre d’entraînement du PSG.
 

Une ferme commerciale, pédagogique et expérimentale

Une ferme à énergie positive ? C’est l’incroyable défi que la ferme de Grignon est en passe de relever depuis cet été 2023. Précisons immédiatement que le site, qui compte 400 hectares dans les Yvelines, non loin de Plaisir, est rattaché à l'établissement d'enseignement supérieur AgroParisTech, l’institut national des sciences et industries du vivant et de l’environnement, placé sous la tutelle du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

À vocation commerciale, d’une part, la ferme de Grignon élève 200 vaches et 600 brebis qui lui permettent de produire et de vendre en direct des produits laitiers issus de sa laiterie, ainsi que des viandes, des miels, des lentilles et de la laine. Pédagogique, ensuite, elle reçoit chaque année près de 40000 visiteurs, aussi bien écoliers qu’étudiants, professionnels que chercheurs. Expérimentale, enfin, la ferme de Grignon se targue d’être à la pointe de la recherche et du développement sur ses activités depuis trente ans : elle teste par exemple de nouveaux revêtements de sol pour le confort et le bien-être animal, mais également plusieurs nouvelles techniques de cultures pour diminuer ses consommations d’énergie. « En réalité, nous avons initié dès 2005 une réflexion sur notre consommation d’énergies fossiles, notre production de déchets et la réduction de nos émissions de gaz à effets de serre dans l’agriculture », explique Dominique Tristant, le directeur de la ferme de Grignon.

Une production de gaz vert dès 2014

Dès 2005 donc, le programme Grignon Energie Positive est ainsi lancé : celui-ci passe notamment par la mise en place d’un bilan carbone de la ferme tous les mois. Ensuite, ce sont les niveaux de protoxyde d’azote et de méthane émis par les vaches laitières que les scientifiques parviennent à mesurer. « Face aux données de toutes ces émissions, nous nous sommes demandés comment les compenser », se souvient Dominique Tristant.

La première réponse passe par la mise en place d’une couverture « Nénufar », couverture couvrant les fosses de lisier permettant de capter le biogaz naturellement produit par les effluents stockés afin d'être valorisé. Alimenté en lisier et lactosérum, ce système de méthanisation permet à la ferme de produire dès 2014 suffisamment de biogaz pour assurer 60 à 70% des besoins thermique de la laiterie de la ferme, sur le principe de l’autoconsommation.

Un résultat encourageant, certes, mais qui reste insuffisant par rapport aux émissions totales de la ferme de Grignon. « C’est alors que nous nous sommes lancés, avec l’aide de l’école AgroParisTech, dans la conception d’un projet de méthaniseur infiniment mélangé, capable de valoriser non seulement les déchets agricoles mais également les effluents d’élevage », souligne le directeur de la ferme de Grignon. C’est précisément ce projet, mis en route dans le courant de l’été 2023, qui s’est vu décerné le Prix du public « Infrastructure » lors des Green Solutions Awards 2022-2023 remis par le site Construction 21.

Dubiogaz épuré et vendu à Engie, injecté dans le réseau local de GRDF

Très originale, et pensée pour alimenter la recherche sur les biogaz, cette unité de 26 mètres de diamètre sur 6 mètres de haut se distingue par sa conception, parfaitement insérée dans la ferme. « En raison du climat très sec de notre région, nous avons opté pour un projet de taille limitée, produisant 50 Nm3 de biométhane par jour contre 150 Nm3 en moyenne aujourd’hui, pour maitriser nos gisements : 85% des intrants du méthaniseur proviennent ainsi de la ferme, le reste des déchets provenant d’une usine proche produisant des salades de fruits, du balayage de silos de céréales et des tontes des pelouses du centre d’entraînement du PSG », détaille Dominique Tristant. « La taille réduite de notre méthaniseur nous permettait moins d’économies d’échelle lors de la construction, mais nous occasionne des coûts de fonctionnement réduit, en raison de la proximité de l’installation, et permet d’obtenir un profil d’azote dans le digestat plus assimilable par les plantes sur lesquelles il sera épandu », précise-t-il.

Autrement dit, le méthaniseur produit un biogaz épuré et vendu à Engie, injecté dans le réseau local de GRDF, mais également un engrais de qualité, profitant à la ferme et à ses voisins. Le biogaz, pour sa part, rend la ferme autosuffisante en énergie - à raison de 6% de sa production - et profite au chauffage de 440 foyers.

Depuis sa mise en fonctionnement, l’unité de méthanisation de la ferme de Grignon divise par deux son bilan carbone. Un résultat auquel il convient d’ajouter les 8000 personnes nourries par la ferme chaque année. Il suffit d’y ajouter les panneaux solaires déjà installés qui produisent, eux, 36% des besoins électriques du site et ceux déjà prévus pour l’année prochaine pour que la ferme de Grignon soit effectivement très proche de relever son défi : celui de devenir une ferme à énergie positive.

Pour en savoir plus

• Venez découvrir le projet de la ferme de Grignon
• Voir l’autre lauréat soutenu par GRDF dans la catégorie « infrastructures » des Green Solutions Awards
• Voir tous les projets soutenus par GRDF dans le concours des Green Solutions Awards