Deux crises se superposent, l’une énergétique en raison de la guerre russo-ukrainienne et l’autre environnementale
 

Le risque d’une rupture d’alimentation est minime

Que les copropriétaires se rassurent : avec quelque 130 TWh de réserves, les stockages de gaz sont remplis à ce jour en France. « Résultat, la pression sur le système gazier a diminué pour cet hiver 2022-2023 : la situation pourrait être tendue sur la fin de l’hiver en cas de températures très froides mais le risque d’une rupture d’alimentation est minime », assure Benoît Chaintreuil, expert de la réglementation des bâtiments au sein de GRDF. Et d’ajouter : « Il reste que deux crises se superposent, l’une énergétique en raison de la guerre russo-ukrainienne, comparable à celle des deux chocs pétroliers des années soixante-dix, l’autre environnementale, qui impose une réduction rapide des consommations pour tenir nos engagements dans la lutte contre le réchauffement climatique ».

Dans ce contexte, les pouvoirs publics ont mis en place dès cet été des groupes de travail sur la sobriété énergétique pour accélérer la réduction des consommations, avec l’objectif de baisser la consommation d’énergie de 10% d’ici 2024 (voir le dossier de presse du Gouvernement).

De son côté, GRDF a également pris plusieurs mesures dans ce sens. « Par exemple, nous accompagnons 500 000 clients particuliers, identifiés pour leur consommation anormalement élevée, pour les aider à réaliser des économies d’énergie », indique Benoît Chaintreuil.

Les actions concrètes pour réaliser des économies

De leur côté, les copropriétaire sont évidemment un rôle à jouer. Ils disposent ainsi de plusieurs actions concrètes pour réaliser des économies sur leurs factures et participer à la lutte contre le dérèglement climatique.

Les premières relèvent de la sobriété énergétique : celles-ci supposent un changement de comportement permettant de diminuer ses consommations.

Les secondes concernent l’efficacité énergétique : celles-là permettent d’améliorer les  performances des systèmes sans impact sur le confort et la vie quotidienne.

Sobriété énergétique : les bons gestes et leurs effets

• Réduire de 1 degré la température de chauffage permet une réduction de 7% de sa consommation énergétique. Il s’agit là d’un geste à la fois efficace et facile à réaliser.
• Limiter la température de consigne pendant la nuit et couper sa chaudière lors des absences du domicile, par exemple grâce à un système de programmation ou à distance depuis son smartphone, conduit à une réduction de sa consommation estimée entre 5 à 10%, selon les estimations du Syndicat National de la Maintenance et des Services en Efficacité Énergétique (Synasav).
• Pour les installations de chauffage collectif, il convient de respecter l’obligation faite depuis deux ans d’individualiser les frais de chauffage. Les économies générées par les foyers qui ont appliqué cette mesure atteignent 15%, simplement parce qu’elle les conduit à modifier leurs comportements en matière de chauffage.
• Concernant l’eau chaude sanitaire, la seule réduction d’une minute de la durée de sa douche, en moyenne de 9 minutes, permet mécaniquement 10% d’économie. Dans ce domaine, il est également pertinent d’optimiser le réglage de la température dans les ballons d’eau chaude, de manière à ne pas trop chauffer inutilement. Enfin, des systèmes de limitation du débit de l’eau, sans que cela soit gênant pour les utilisateurs, se révèlent également facteurs d’économies.

Efficacité énergétique : réduire ses consommations sans impact sur sa vie quotidienne

• Faire réaliser le désembouage du réseau hydraulique : si l’installation de chauffage se voit encrassée par de la rouille ou du calcaire, les pertes de rendements peuvent se révéler élevées. Une aide financière vient précisément d’être créée dans le cadre des certificats d’économies d’énergie (CEE) pour soutenir les copropriétaires dans ces travaux. 
• Procéder à l’équilibrage du réseau de chauffage collectif : cette opération a pour objectif d’obtenir une température homogène dans l’ensemble du bâtiment. 
• Rénover son système énergétique : les actuelles chaudières à Très Haute Performance Énergétique (THPE), ou chaudières à condensation, permettent des économies de 15 à 20% sur la facture de gaz par rapport aux chaudières de la génération précédente. À noter que cette installation doit être précédée d’un vote favorable des copropriétaires en assemblée générale.
• Remplacer ses fenêtres : le passage du simple ou double vitrage, qui relève de la seule décision de l’occupant, peut représenter jusqu’à 15% d’économies sur la facture énergétique.

Plus largement, chaque copropriété doit aujourd’hui se poser la question de la rénovation complète du bâtiment, qui comprend à la fois l’amélioration de son enveloppe et de son système énergétique. Ces travaux relèvent d’un vote en assemblée générale des copropriétaires, et peuvent être planifiés dans le cadre du plan pluriannuel de travaux, que la loi Climat et Résilience a rendu obligatoire pour toutes les copropriétés de plus de 15 ans.