- Le programme de cette prochaine séquence c’est l’utilité des gaz verts et on en parle avec vous, Grégory Verbrugghe. On va parler de gaz vert. Je le disais, le gaz vert qui répond à une véritable demande soutenue par aussi un mouvement de revitalisation de la production et ça c’est important de le signaler. Vos projections nous montrent le très fort potentiel de la méthanisation. Comment la production de gaz vert sera-t-elle effective en termes de calendrier pour atteindre cette fameuse neutralité carbone ?
- Écoutez j’ai envie de commencer par une bonne nouvelle avec la projection de ce qu’on va vous montrer et on va s’attarder effectivement sur ce slide. Aujourd’hui les différentes projections que nous avons en termes de développement de gaz verts et l’évolution de la consommation montre qu’à l’horizon de 2050, il y aura suffisamment de gaz verts par rapport à la consommation. La première la première chose que l’on va regarder effectivement c’est l’évolution de la demande. La projection de l’évolution de la demande que nous faisons c’est effectivement une diminution et c’est le sens de l’histoire. Donc on peut se poser la question de comment va évoluer cette demande et pourquoi elle va diminuer ? Déjà parce qu’on va travailler sur la sobriété. Chacun des industriels et vous en faites partie effectivement, vous allez travailler sur la sobriété. Vous allez travailler sur le recyclage et un certain nombre d’autres leviers comme la substitution pour diminuer en 2030, en 2050 la consommation. Donc on le voit effectivement une diminution de la demande. La deuxième partie c’est comment répondent l’évolution des gaz verts face à cette demande.
Donc là c’est plutôt la flèche verte, connaissons aujourd’hui une forte dynamique de développement des différents gaz verts. Aujourd’hui c’est une solution qui est mature, du développement qui se fait au fil de l’eau. On le verra tout à l’heure, on va zoomer sur ce qui est déjà dans les pipes et on constate donc effectivement le biométhane, la pyrogazéification et donc les différents gaz verts vont venir combler l’intégralité de l’appétence. Et donc c’est un peu la même vision que vous industriels devez avoir : comment je réponds à ma temporalité ? Ma temporalité d’ambition de neutralité carbone. Dans un premier nous travaillons sur la sobriété et ensuite un recours progressif au gaz vert.
- On a parlé de ce calendrier, de ces projections futures. Sur quelles bases de capacité de production avez-vous élaboré ces projections ? On est d’accord que les baisses de capacités sont les mêmes actuellement. On ne les a pas diminués.
- Avant de parler de la projection future, on va déjà regarder ce qu’il y a dans les pipes. On voit déjà la dynamique d’évolution de la filière. Voilà donc c’est une filière jeune mais qui est mature et ce que nous constatons c’est que dès 2020 nous avons déjà à peu près 3,9 tera de capacité d’injections, c’est-à-dire que on parle d’une réalité. Le gaz vert cela existe, cela existe sur vos territoire, cela existe en France. Et quand on regarde la dynamique déjà ici en 2021, en novembre nous avons déjà 5,8 tera de capacité installée. Donc pour la fin de l’année on serait plutôt à 6,2 tera. Puisque vous me posiez la question « quelle est la projection pour le futur ? » On a énormément de projets en file d’attente. Ça veut dire quoi ? Ce sont des projets qui se sont déclarés pour pouvoir injecter. Ces projets on en a plus de 1000 aujourd’hui et cela représente plus de 26 tera si j’y ajoute ce qu’il y a d’existant. Donc du gaz vert sur la méthanisation il y a et il y en aura. Il y a une forte dynamique.
- C’est donc plutôt une bonne nouvelle comme vous nous le disiez. On a parlé effectivement de biométhane, mais je vous invite à nous dire le biométhane c’est quoi ? Qu’est-ce que le biométhane ? Comment est produit le biométhane ? Quand on parle de biométhane, on parle de quoi finalement ?
- Déjà quand on parle de biométhane et de gaz vert on parle d’indépendance énergétique de la France. Pour la partie technique, le biométhane c’est le ramassage d’un certains nombres de déchets qui sont méthanisés. Ils sont d’abord triés mis à température, mélangés, mis dans une enceinte que l’on appelle un digesteur en aéromobile, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’oxygène et donc au bout d’un moment cela fait du biogaz qui est épuré, qui est injecté dans le réseau. Peut-être que vous consommez déjà du biométhane chez vous sans le savoir. Ce biométhane est déjà injecté et après il faut pouvoir avoir une traçabilité entre l’endroit où il est produit, ce qui est injecté et le consommateur qui l’achète et ça c’est fait au moyen de la garantie d’origine.
- Et quels sont les atouts du biométhane ?
- Le premier atout si l’on se projette sur le biométhane qui est injecté dans les réseaux, c’est que demain il y ai 100% de biométhane dans les réseaux. La bonne nouvelle pour les industriels c’est que vos usages sont compatibles, 100% compatibles avec le biométhane. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que vous ne devez pas toucher à vos outils industriels. Il n’y a pas besoin de modifier quoi que ce soit sur vos outils. La transition énergétique avec le gaz se fait sans toucher à ce qui vous est le plus cher, c’est-à-dire votre équipement, votre cœur process.
- Et ça c’est plutôt rassurant pour les industriels qui nous suivent.
- Le deuxième bénéfice c’est que cela participe à la réduction de CO2 lorsque l’on va acheter des garanties d’origine, lorsque l’on contribue et que l’on achète ce biométhane. Et là il y a donc ce levier qui est d’abord la sobriété et après on peut avoir un accès progressif aux garanties d’origine. Il y a une dernière possibilité qui est pour un industriel de s’inscrire dans une économie circulaire de proximité. C’est surtout pour les industriels de l’agroalimentaire. Lorsque vous avez des déchets à méthanisés, des déchets agroalimentaires, vous pouvez les envoyer auprès de l’agriculteur de proximité qui va les méthaniser, les injecter dans le réseau. Ce même agriculteur pourra utiliser le digestat, c’est-à-dire ce qu’il reste après la méthanisation pour l’épandre sur le champ et donc utiliser moins d’engrais chimiques. Donc vous industriels de l’agroalimentaire vous êtes dans une boucle circulaire et vous aidez à développer le biométhane et même à avoir un producteur qui devient plus vertueux puisqu’il utilise moins d’engrais chimique.
- C’est la décentralisation de la production de gaz et c’est déjà une réalité, on le voit déjà chez certains de nos agriculteurs et agricultrices. On va maintenant parler d’évolutions réglementaires. La direction de l’énergie et du climat a convoqué plusieurs fédérations pour présenter un projet de décret. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus à ce sujet ?
- Là je m’adresse plutôt aux entreprises qui sont gaso-intensives, c’est-à-dire qui consomme énormément de gaz, notamment ces entreprise ETS qui sont soumises aux quotas de CO2. Donc il y en a certainement quelques-unes parmi vous. Donc ces entreprises peuvent utiliser ces garanties d’origine pour répondre à ces ambitions. La DG a réuni un certain nombre de fédérations professionnelles parce qu’ils ont un projet de décret pour challenger cette utilisation des garanties d’origine émises lorsqu’elles sont produites avec une subvention de l’état et donc qui est en train de revoir ce dispositif. Aujourd’hui on n’a pas plus d’informations. On est en train de regarder quel va être l’impact pour vous entreprises ETS. En tout cas il sera toujours possible d’utiliser ces garanties d’origine non subventionnées pour les entreprises ETS a priori.
- D’ailleurs, qu’est-ce que sont les garanties d’origine ?
- Tout à fait, la garantie d’origine c’est bien la traçabilité entre ce qui est injecté dans le réseau, donc le biométhane qui est injecté dans le réseau et la personne qui l’achète. Donc ça permet de suivre le fil. Donc une garantie d’origine cela représente 1 MWH de gaz vert produit. Donc vous industriels vous pouvez déjà acheter des garanties d’origine pour un bénéfice qui peut être reçu et réglementaire et une fois que vous l’utilisez cette garantie d’origine est supprimée.
- Quels sont les atouts de ces garanties d’origine ? On le voit au niveau RSE, il y a beaucoup d’atouts
- C’est une vraie réalité aujourd’hui de pouvoir acheter ces garanties d’origine, il y a un certain nombre de mécanismes.
Premier mécanisme : en fonction de votre motivation qui est de verdir votre consommation, vous pouvez acheter, souscrire un contrat avec le gaz et la garantie d’origine. Donc auprès de votre fournisseur, vous achetez le gaz + le gaz vert, c’est le moyen de simplicité. C’est le plus facile. Vous pouvez déjà dans vos appels d’offres demander aux fournisseurs de vous produire cela.
Deuxième dispositif possible, c’est devenir acheteur non-fournisseur. L’intérêt de ce mécanisme là c’est que vous allez, vous, acheter directement la garantie d’origine auprès d’un registre. Il faut le voir comme un journal de petites annonces, un certain nombre d’offres de garanties d’origine avec un lieu spécifique. Donc si vous avez un bénéfice d’acheter du gaz de proximité, cela permet si vous n’avez pas trouvé de fournisseurs d’aller voir dans ces petites annonces pour voir si il y a des garanties d’origine en volume, en prix et en temporalité de proximité qui vous intéresse. L’autre possibilité, c’est de mettre une annonce en disant je recherche des garanties d’origine. Voilà un peu l’idée.
Ce qui est super intéressant pour un acheteur c’est qu’il va décorréler son achat de gaz de son achat de garantie d’origine. Donc il peut avoir deux négociations différentes et donc là on est vraiment sur la rencontre de l’offre et la demande de mécanismes qui permettent d’acheter ce qui est train de se développer. Autre mécanisme possible, cela va être d’être sur des GGPA, des green gaz purchase agreement, c’est-à-dire que vous participez aux installations de production de biométhane et vous récupérez directement ces garanties d’origine. Et là vous vous projetez sur une temporalité de quinze ans. Vous devenez acteur sur votre budget mais également sur le développement de votre territoire. Et donc dès 2023 à priori il y aura aussi la possibilité d’acheter des garanties d’origine européenne. Donc vous le voyez beaucoup de mécanismes qui sont en place. En conclusion j’ai envie e dire que l’achat de garantie d’origine de gaz vert c’est déjà une réalité de même que la production.