ACTUALITE | Transition énergétique
08.09.2020 - 17H33
Solaire thermique et gaz : l’exemple de la copropriété « Les Incas »
En 2004, une copropriété de la célèbre station balnéaire de la Grande-Motte décidait d’associer gaz et solaire thermique. Seize ans plus tard, l’installation, rentabilisée depuis longtemps, fonctionne parfaitement. Retour d’expérience.
Qui ne connaît pas la Grande-Motte ? Cette célèbre station balnéaire de l’Hérault, située à proximité de Montpellier, doit notamment sa notoriété à l’architecture pyramidale de la plupart de ses immeubles d’habitation. Précisément, dans l’un d’entre eux, construit en 1976 et baptisé « Les Incas », la copropriété a fait le choix, voici déjà seize ans, d’associer au gaz un équipement solaire thermique pour produire l’eau chaude sanitaire de ses 241 logements. « Les bâtiments pyramidaux ne sont généralement pas adaptés à ce genre de solution parce que leurs toits-terrasses laissent peu de places disponibles mais celui-ci fait exception », note Bernard Glomon, ingénieur et responsable de l’agence PACA du bureau d’études Tecsol, spécialisé dans l’énergie solaire thermique et photovoltaïque. C’est ce bureau d’études qui réalisa dès 2002 l’étude de faisabilité avant que les travaux ne démarrent pour une mise en service en février 2004.
Un immeuble occupé toute l’année
A l’époque, ce sont ainsi 130 m2 de capteurs et deux ballons de 4000 litres de stockage d’eau chaude qui sont installés sur le toit de la copropriété « Les Incas ». « Evidemment, la résidence est plus occupée l’été que l’hiver mais le taux d’occupation en hiver atteint tout de même 30 à 35%, sans oublier les résidents permanents, et donc l’eau chaude sanitaire est consommée toute l’année », souligne le responsable de Tecsol. Une garantie de cinq ans couvrait alors toute l’installation et un suivi des performances était effectué. Un suivi que le syndic a eu l’intelligence de prolonger année après année et qui est d’ailleurs toujours effectué. « Résultat, l’installation tourne toujours, seize ans après, avec les ballons et les capteurs d’origine, sachant que seule une pompe a été changée », précise Bernard Glomon.
Si les équipements ont donc pleinement démontré leur fiabilité en termes de fonctionnement, ils ont également prouvé leur pertinence sur le plan énergétique. Ainsi, sur les dix premières années, entre 2004 et 2014, 717 000 kWh d’énergie solaire ont été produits pour l’eau chaude sanitaire, soit l’équivalent de 200 tonnes de CO2 non rejetées. Une mesure effectuée en juin 2020 sur l’installation a par ailleurs mis en évidence que ses performances étaient supérieures de 26% au niveau de référence de la garantie.
Une rentabilité à dix ans en moyenne
« Preuve est faite, si besoin, que le couple solaire thermique et gaz fonctionne bien », constate l’ingénieur de Tecsol. « Mais il faut respecter quelques principes pour sécuriser l’investissement : il faut prévoir au minimum une visite annuelle de maintenance de l’installation, pour l’entretien, le contrôle et un suivi régulier des performances. Par ailleurs, une installation solaire thermique doit toujours prendre en compte la consommation moyenne, mois par mois, et ne doit jamais être surdimensionnée, parce qu’elle risquerait de monter en surchauffe : il faut vraiment rester raisonnable parce que tout ce que produit le solaire doit être utilisé », insiste-t-il.
Côté investissement, justement, une telle installation se voit rarement rentabilisée avant dix ans de fonctionnement (maintenance comprise), sachant que plusieurs aides existent pour soutenir les copropriétés. Reste que, au-delà de dix ans, cet équipement devient réellement très économique, puisque l’eau chaude sanitaire atteint des coûts dérisoires.