ACTUALITE | Transition énergétique Chaudière
15.11.2023 - 17H35
Pac Hybride : quel bilan dix ans après sa première installation en France ?
En novembre 2013, le bailleur social aquitain Noalis innovait en inaugurant, à Saint-Yrieix-sur-Charente, le premier programme collectif équipé de chaudières hybrides, avec le soutien du Groupe Atlantic et de GRDF. Dix ans plus tard, le temps est venu d’identifier ses forces et ses faiblesses.
Avec dix ans de recul, le retour sur expérience se révèle très positif.
A l’époque, une première en France
Tout commence début 2012. A l’époque, Noalis, acteur du logement social en Nouvelle-Aquitaine, par ailleurs filiale d’Action Logement, lance une étude pour réaliser une opération de 25 logements locatifs sur la commune de Saint-Yrieix-sur-Charente, à quelques kilomètres au nord-ouest d’Angoulême.
Pour cette résidence du « Hameau des Pins », qui comptera 13 maisons individuelles groupées et un bâtiment collectif de 12 appartements, le bailleur affiche clairement ses exigences. « Nous avions déjà une politique très volontariste en faveur de l’innovation et avions demandé au maître d’œuvre de prévoir une conception bioclimatique », se souvient Mouloud Benhenou, le directeur immobilier de Noalis. Il précise : « Sur le plan énergétique, nous souhaitions évidemment une solution compatible avec la future RT2012, mais aussi une régulation intelligente qui fasse profiter nos locataires de la meilleure énergie en fonction de la température extérieure : résultat, nous avons choisi d’installer des chaudières hybrides pour nos 13 pavillons neufs. En 2013, lorsque nous avons mené cette initiative en partenariat avec le Groupe Atlantic et GRDF, il s’agissait d’une première en France sur une opération de cette ampleur ! »
Profiter de la meilleure énergie possible
Il faut préciser qu’avant d’arrêter son choix, Noalis avait minutieusement analysé l’étude de faisabilité en approvisionnement des énergies. C’est ainsi qu’ont été éliminés les systèmes de panneaux solaires sur les toits pour des raisons de coûts de maintenance, la pompe à chaleur 100% électrique avec chauffe-eau thermodynamique, à cause de ses nuisances sonores, et même le poêle à granulés associé à un chauffe-eau en raison du bruit et de la difficulté d’approvisionnement. « Bref, la solution la plus favorable et la plus simple en 2013 était bien celle de la chaudière hybride pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire n’étant pas concernée à cette date », indique aujourd’hui Stéphane Branchut, directeur marché résidentiel au sein du Groupe Atlantic. Sans aucune nuisance intérieure ni extérieure, avec une eau chaude sanitaire produite uniquement par la chaudière (les PAC hybrides n’étaient pas encore aussi sophistiquées qu’aujourd’hui), des capacités suffisantes pour répondre aux besoins des familles nombreuses, cette solution permettait - et permet toujours – aux locataires de profiter de la meilleure énergie disponible.
- Bailleur social : Noalis, (Groupe Action Logement)
- Commune : Saint-Yrieix-sur-Charente (Nouvelle-Aquitaine)
- Résidence : Hameau des Pins
- Opération : 25 logements locatifs - 13 maisons individuelles groupées et un bâtiment collectif de 12 appartements
- Solution retenue : chaudières hybrides pour les 13 pavillons neufs
Les locataires se déclarent satisfaits
Tout juste dix ans après son installation, toujours en place, et alors que le sujet de la transition énergétique est plus prégnant que jamais, tous les acteurs de l’époque se sont retrouvés pour dresser un bilan. « Avec dix ans de recul, le retour sur expérience se révèle très positif », lance Mouloud Benhenou. Dans le détail, comme l’explique Stéphane Branchut, « ce type de chauffage n’a pas rencontré plus de pannes qu’un chauffage avec une chaudière à gaz seule ou avec une PAC seule. »
Les locataires se déclarent en effet satisfaits du confort du chauffage central, qui lisse en plus tout risque de pointe électrique et assure ainsi une sécurité maximale au niveau du réseau. Sur le plan économique, cette solution démontre également sa pertinence, avec une maitrise des consommations énergétiques, comme en atteste le coût total annuel des énergies, de l’ordre de 1000 à 1200 euros TTC, abonnements compris. Voilà pour les atouts.
Seule faiblesse à signaler, « la difficulté à trouver les entreprises disposant des compétences et de la technicité pour assurer la maintenance du système », note le directeur immobilier de Noalis. Au-delà de cette petite complexité, il se félicite surtout de constater que cette installation de 2013 permette aux logements concernés d’atteindre en 2023 une étiquette C dans la dernière formule du DPE. « Les performances des PAC hybrides actuelles nous inspirent très fortement pour notre plan de décarbonation, qui vise à ce que 100% des logements de notre parc soit a minima à cette étiquette C en 2030 », note-t-il.
Une bonne solution pour décarboner le parc social
A ce sujet, lors du dernier congrès de l’USH à Nantes, où fut d’ailleurs présenté ce retour d’expérience de Saint-Yrieix-sur-Charente, il suffisait d’un rapide tour d’horizon des nouveaux équipements présentés par les industriels pour se rendre compte de l’omniprésence des pompes à chaleur hybrides gaz, qui permettent désormais à la fois la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire… « La PAC hybride gaz constitue une vraie bonne solution pour décarboner le parc social tout en conservant les installations hydrauliques existantes, à coût maîtrisé », confirme de son côté Jérôme Grimal, responsable conseil et développement Nouvelle-Aquitaine au sein de GRDF. Il précise : « En réalité, ce qui était innovant à l’époque devient aujourd’hui une solution d’avenir, entre ses avantages techniques, avec le confort, l’absence de bruit, son faible encombrement et l’assurance de la continuité de service, et ses atouts économiques et environnementaux, avec un investissement dans le matériel inférieur à celui d’une PAC 100% électrique et une bonne maitrise des charges grâce à un prix du kWh installé en gaz moins élevé qu’en tout-électrique ».
Comme le résume bien Stéphane Branchut au sein du Groupe Atlantic, « il faut bien avoir conscience que la solution de chaufferie hybride associe le meilleur des deux systèmes, en gommant les inconvénients de l’un et de l’autre ». Adaptée aussi bien dans le neuf qu’en rénovation, en maison individuelle comme en bâtiment collectif, la PAC hybride gaz suppose évidemment d’être dimensionnée et ajustée en fonction des objectifs des maîtres d’ouvrages et des étiquettes visées. Mais, dans tous les cas, elle présente une somme d’avantages évidents. Et s’il fallait en signaler un de plus, il concernerait sa parfaite adéquation avec les seuils exigés par le RE2020, ceux de 2025 compris !