Djamel MENDJEL, Responsable Commercial de la STAF, nous fait part de son expérience.

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

STAF est une entreprise familiale de transport alimentaire et frigorifique créée en 1969. Nous sommes spécialisés dans la livraison du dernier kilomètre, c’est-à-dire de la centrale d’achat vers l’ensemble des points de ventes des enseignes de grande distribution.

L’entreprise enregistre un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros et compte environ 600 salariés.

Pourquoi avoir lancé une démarche de transition énergétique et pourquoi avoir choisi le GNV ?

Notre transition énergétique a été lancée principalement pour des raisons écologiques. Au-delà de nos convictions personnelles sur l’importance de préserver la planète, cela répondait à une demande des pouvoirs publics sur la livraison propre. Les élus nous imposaient de proposer une énergie alternative pour livrer en Île-de-France. En tant que plus gros transporteur francilien, nous nous devions de montrer l’exemple auprès de la profession.

Nous avons choisi le GNC [ndlr : Gaz Naturel Comprimé] car, d’après beaucoup (associations écologistes, Mairie de Paris, etc…), il présente de nombreux avantages écologiques.

Comment avez-vous mis en place le GNC dans votre entreprise ?

Nous n’avons pas attendu qu’il nous soit imposé par les pouvoirs publics. Nous avons mis en place le GNC dans notre entreprise de manière progressive. Nous aimons penser que nous sommes précurseurs.

Beaucoup de technologies présentent de meilleures caractéristiques que le diesel : l’hybride, l’éthanol, le GNL, le GNC… Je pense que nous avons fait le bon choix avec le GNC. Nous verrons ce que l’avenir nous propose avec notamment l’hydrogène.

Depuis de nombreuses années, nous allions nous avitailler dans les stations ouvertes au public disponibles en Île-de-France. Mais nous disposons aujourd’hui de la plus grande flotte de camions sur la région parisienne avec 180 camions GNC. Nous avons donc récemment fait le choix d’une station privée que nous partageons avec la société Nedroma dont le dépôt d’autocars est collé au nôtre. Le taux d’occupation de la station est de 80% pour la STAF et 20% pour notre partenaire. Le coût de cette station représente à peu près entre 1,5 et 2 millions d’euros.

Quels avantages et inconvénients voyez-vous avec le GNC ?

Aujourd’hui, la grande distribution, nos chargeurs, ne font plus appel qu’aux transporteurs s’étant lancés dans la transition énergétique.

Nous avons eu la chance de disposer de la capacité financière pour se lancer dans cette voie. Ce n’est pas le cas de certains de nos concurrents et par conséquent, nous avons désormais plus d’activité.

D’un point de vue économique, le carburant gaz est nettement moins cher que le diesel.

Cependant, l’achat d’un camion représente un surcoût de 30% par rapport à un camion diesel. Lorsqu’un camion GNV est en panne, seul un dépanneur agréé ou le constructeur lui-même peuvent intervenir. Nos mécaniciens sont formés pour intervenir sur des véhicules diesel. Ils n’ont pas encore reçu les formations nécessaires et ne sont pas habilités à intervenir sur les véhicules GNV. La maintenance des véhicules gaz est donc sous-traitée.

Quels conseils pourriez-vous donner à vos confrères qui s’intéressent au GNC ?

Si je devais donner un conseil pour mes confrères, ce serait d’être attentif aux annonces qui sont faites par les pouvoirs publics. Paris est la première ville à promouvoir largement l’utilisation du gaz mais il est probable que très vite, d’autres villes comme Marseille, Lyon, Nice, Bordeaux ou encore Nantes ou Lille soient amenées à suivre cet exemple.

Une fois l’action publique lancée, il est trop tard pour réagir donc il faut anticiper et se préparer au plus tôt.