Un transporteur qui veut décarboner peut le faire dès à présent. Les solutions existent et le BioGNV en fait partie.
 

Quelle place Scania accorde-t-il au gaz dans sa stratégie de développement ?

À la différence d’autres acteurs, nous n’avons pas fait du gaz notre unique axe de développement. Mais la manière dont nous concevons et fabriquons nos véhicules est un modèle unique chez les constructeurs. Le système modulaire que nous avons mis en place permet de combiner quasi à l’infini les différents composants d’un camion : châssis, boites de vitesse, cabines, essieux, moteurs, etc. Ainsi, un même châssis peut recevoir des motorisations différentes, et bien sûr, des motorisations gaz.

De ce fait, notre gamme de véhicules gaz est extrêmement large et nous déclinons l’offre gaz sur des modèles de configurations différentes, qu’il s’agisse de porteurs ou de tracteurs, de véhicules longues distances ou de chantier, et même des véhicules multi-essieux. La souplesse de notre système industriel permet de configurer les camions les mieux adaptés aux activités de nos clients.

Nous prenons cette orientation parce le GNV – et surtout le BioGNV – va dans le sens de la transition énergétique et de la réduction des gaz à effet de serre. En utilisant du BioGNV, le pouvoir de décarbonation est immédiat comparativement au diesel. C’est un avantage considérable pour les transporteurs et les chargeurs, car les solutions sont immédiatement disponibles.

En quoi, selon vous, le BioGNV est-il un atout pour la décarbonation du transport ?

Si on veut se conformer aux accords de Paris et limiter le réchauffement climatique à 2 °C en 2050 – idéalement 1,5 °C -, il faudrait réduire les émissions de 2 % par an. Or, on n’est pas du tout sur cette trajectoire. Pour nous, le BioGNV fait partie des énergies (comme d’autres carburants renouvelables) qui permettent de décarboner très efficacement, sans attendre de solution miracle.

En tant que constructeur, nous savons qu’il n’y aura pas une seule énergie pour se substituer à toutes les autres. L’électricité ne résoudra pas tout. Pas plus que l’hydrogène tant qu’il n’y a pas de véhicules disponibles et que la production de l’hydrogène ne sera pas décarbonée ! Nous disons qu’il n’y a aucun sens attendre ! Aujourd’hui, on sait décarboner très efficacement avec le gaz, à condition d’utiliser du biométhane.

Quel sera le mix énergétique des véhicules Scania en 2030 ?

Il est clairement établi que nous devons à brève échéance diminuer la vente de véhicules à motorisations diesel, qui génère trop de gaz à effet de serre. Notre stratégie pour 2030 se base sur la conviction qu’il faut préserver une complémentarité des solutions alternatives aux énergies fossiles disponibles. Notre objectif est donc d’avoir un portefeuille équilibré entre une moitié des ventes en véhicules électriques et une moitié en moteurs thermiques décarbonés. Et le BioGNV s’inscrit pleinement dans cette logique, parce qu’il s’appuie sur une filière mature, notamment en termes de réseau d’avitaillement.

C’est pourquoi nous continuons à monter en puissance sur les motorisations gaz. Nous enrichissons la gamme de puissances avec prochainement un 420 ch et un 460ch (en complément des puissances actuelles de 280, 340 et 410 ch). Cela engage beaucoup de R&D, mais cela nous semble un pari gagnant, car les véhicules roulant au BioGNV peuvent rendre les mêmes services que les véhicules diesel, en termes de charge utile, de carrosserie, de rapidité d’avitaillement voire d’autonomie dans certaines applications. Ils sont en outre bien plus silencieux, ce qui est un avantage pour les dessertes en centre-ville et un élément de confort pour les conducteurs.