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28.11.2019 - 16H49
Interview de François de Bertier – Président du Cluster TransTEN
Le GNV représente la meilleure alternative au diesel, surtout dans sa version Bio. Beaucoup de transporteurs en sont déjà convaincus. Voici le témoignage de François de Bertier, président du Cluster TransTen et ancien propriétaire de poids lourds au GNV.
Bonjour M. de Bertier, nous allons parler avec vous aujourd’hui de l’avenir de la mobilité en termes d’énergie. Fraîchement retraité de la société de transport Poux, vous êtes maintenant Président du Cluster Trans TEN à Toulouse.
Pour commencer, pourriez-vous nous donner les objectifs du cluster ?
Nous étions 6 transporteurs qui avions décidé, en 2015, de lancer l’expérience de carburation au gaz naturel sur nos camions. Nous avons dû affronter de nombreuses difficultés pour parvenir à créer l’indispensable station d’approvisionnement en GNC à Toulouse. Cela a été réalisé en avril 2018 mais nous avons alors décidé de poursuivre le « combat » des nouvelles énergies, en créant le cluster Trans TEN afin de faire du lobbying sur ce sujet auprès des chargeurs et des collectivités et de faciliter la conversion pour nos confrères, pour les convaincre de nous rejoindre. En effet, le changement est toujours difficile à conduire et sa réalisation demande une énergie farouche qu’il est toujours plus facile de générer à plusieurs. Nous avons donc ciblé tant la mutation énergétique que la mutation numérique des entreprises du transport et de la logistique.
Ce qui m’a convaincu avec le GNV, c’est qu’il permet d’obtenir immédiatement des résultats significatifs.
Quelle est, selon vous, la solution énergétique la mieux adaptée pour se substituer au diesel ?
Il n’est pas sûr qu’il y ait une énergie du futur, adaptable à toutes les situations. S’il est évident que nous devons réduire notre impact sur l’environnement, il est vraisemblable que nous devrons jouer sur toutes les solutions disponibles pour adopter la meilleure au cas par cas, électrique, GNV ou Hydrogène par exemple, et en jouant sur toutes les solutions d’hybridation possibles.
Ce qui m’a convaincu avec le GNV, c’est qu’il s’agissait d’une transition maîtrisée (simple adaptation des moteurs à combustion) et qu’il permettait d’obtenir immédiatement des résultats significatifs (-30% du CO2, -85% des NOx, -95% des particules fines et -50% du bruit du moteur).
De plus, la perspective de la création d'unités de méthanisation permet de réduire les émissions de CO2 de 80%, tout en créant un circuit court pour l’approvisionnement, une ressource supplémentaire pour les agriculteurs et une indépendance énergétique pour notre pays !
Auparavant, vous étiez vous même président d’une société de transport et utilisiez des véhicules roulant au GNV. Pourquoi avoir fait le choix du GNV lors de l’acquisition de ces véhicules ?
Le GNV avait fait ses preuves dans de nombreux pays étrangers et les constructeurs commençaient à proposer des camions équipés de moteurs dédiés : cela valait donc le coup de tenter l’expérience et d’innover car il faut absolument améliorer notre empreinte environnementale et relever ainsi notre image de marque.
Il nous fallait une station compétitive proche de nos circuits habituels et affecter le camion à la métropole de Toulouse pour démontrer notre implication.
Comment s’est déroulé votre projet de station ?
Cela a été long et compliqué car le voisinage avait peur de nous voir implanter une station gaz près de chez lui. Le foncier disponible est rare et cher à Toulouse et il fallait trouver un lieu d’implantation qui soit facilement accessible et pas trop loin de nos dépôts… Ceci sans parler de l’obtention des autorisations administratives car nous sommes dans un pays où l’on ne connaît pas le « make it simple » !
Quel emplacement avez-vous choisi et pourquoi ?
Nous avons eu la chance de bénéficier d’une écoute bienveillante et compréhensive de la part de la Métropole de Toulouse qui nous a proposé une concession de terrain suffisante en surface et idéalement située à l’entrée nord de la ville. De plus, comprenant l’intérêt de cet enjeu, l’élu responsable de la mobilité nous a permis de profiter de conditions avantageuses avec un contrat gagnant-gagnant également pour la collectivité.
Il est nécessaire de s’emparer des solutions nouvelles dès qu’elles sont opérationnelles.
Comment voyez-vous l’avenir de la mobilité en termes d’énergie ?
Nous n’avons d’autre choix que d’imaginer des réponses nouvelles pour préserver les réserves naturelles et améliorer les conditions de vie de nos concitoyens, sans remettre l’action à un futur indéfini.
Il est donc nécessaire de s’emparer des solutions nouvelles dès qu’elles sont opérationnelles. Dans ce cadre, nous avons découvert qu’avec le GNV, le progrès se situe tant au niveau environnemental qu’au niveau économique : il n’y a donc aucune raison de temporiser ! Maintenant, il faut construire des unités de méthanisation pour passer dès que possible au BioGNV.
Néanmoins, il faut poursuivre la recherche et l’expérimentation également dans les autres domaines (électrique et hydrogène) car la fabrication des batteries reste coûteuse avec une fin de vie problématique et les piles à combustibles restent, quant à elles, chères car gourmandes en platine dont la production mondiale est très limitée. Aussi, nous pousserons nos confrères à s’engager sur ces sujets pour participer pleinement à la troisième révolution industrielle !
Nous vous remercions sincèrement pour le temps que vous nous avez accordé et nous vous souhaitons une bonne continuation dans le cluster TransTen.
Avec plaisir et à charge de revanche car nous avons également besoin de GRDF dans ce combat.
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