Le rétrofit BioGNV pour accélérer la décarbonation des véhicules
En rendant possible la conversion rapide du parc de véhicules Diesel actuel, le rétrofit BioGNV est un levier pour atteindre les objectifs ambitieux de décarbonation fixés au transport et à la mobilité et contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air. C’est aussi un exemple concret d’économie circulaire comme l’ont exprimé les intervenants de la conférence proposée sur le salon Drive to Zero, le 29 mai 2024.
Chaque année, entre 4 et 6 % du parc automobile est renouvelé. Un rythme trop faible pour atteindre les objectifs de réduction de 15,8 millions de tonnes des émissions de CO2 de la mobilité d’ici 2030 pour les véhicules inférieurs ou égaux à 3,5 tonnes ! Tous les leviers doivent être mobilisés pour atteindre les cibles de baisse d’émissions et, notamment, pour agir sans attendre sur le parc existant. En cela, le rétrofit, et spécifiquement le rétrofit BioGNV, agit en complémentarité des solutions électriques, notamment pour les véhicules utilitaires supérieurs à 2,3 tonnes et les véhicules industriels (poids lourds, cars, etc.).
Quels sont les avantages du retrofit BioGNV ?
Le rétrofit BioGNV est une démarche d’économie circulaire doublement vertueuse
Pour l’OTRE (Organisation des Transporteurs Routiers Européens), qui représente le transport routier de marchandises et de voyageurs, il ne fait aucun doute que le verdissement des flottes doit s’appuyer sur un mix d’énergies adaptées aux différents usages professionnels. La motorisation gaz permet de conserver toute la charge utile des véhicules et offre une autonomie suffisante pour réaliser la plupart des activités. De plus, les TCO (coût total de possession) sont comparables à ceux des véhicules Diesel. « C’est pourquoi cette solution, simple à mettre en œuvre et immédiatement disponible, est plébiscitée par les transporteurs », souligne Hélène Quevremont, Directrice aux affaires techniques, à l’environnement et à l’innovation de l’OTRE.
Le rétrofit BioGNV figure dans la feuille de route du transport rendue en 2023, car il entre dans une démarche doublement vertueuse : le principe d’économie circulaire est adopté à la fois par la production de biogaz à partir de matières organiques et par l’allongement de la durée de vie des véhicules suite à leur transformation.
Le rétrofit BioGNV est, selon nous, une approche à promouvoir parce qu’il permet de décarboner le parc existant. Pour atteindre les trajectoires de réduction des émissions très ambitieuses qui nous sont fixées, nous ne pouvons nous passer d’aucune solution. Il faut utiliser tous les leviers disponibles.
> Estimer le coût de possession d'un véhicule BioGNV/GNV
Massifier la transformation du parc existant grâce au rétrofit BioGNV
Le pôle de compétitivité Nextmove qui fédère 550 acteurs de la filière automobile et mobilité en Normandie et Ile-de-France, se mobilise, au travers d’un nouveau de contrat stratégique de filière, pour réduire les émissions du parc en circulation. Outre les actions sur les usages (covoiturage, écopartage, écoconduite), les solutions sont également recherchées du côté des véhicules. Ces travaux portent sur :
- L’éco entretien ;
- Les pneumatiques (réduction des frottements et donc des émissions de particules) ;
- L’accès aux carburants décarbonés ;
- Et le rétrofit.
« Parmi les solutions de rétrofit que nous souhaitons accompagner, le rétrofit BioGNV nous semble être une opportunité avantageuse en termes de coût et d’usage », note Marc Charlet, directeur général de Nextmove.
L’enjeu : décarboner un parc de 6,4 millions de véhicules utilitaires légers, roulant très majoritairement au diesel et dont la moitié a moins de 10 ans.
« Le rétrofit va permettre de massifier parce qu’il s’agit d’une solution abordable, et d’avoir un impact plus fort en termes de réduction des gaz à effet de serre et des émissions polluantes. »
Faut-il le rappeler, tous les véhicules roulant au BioGNV sont Crit’air 1, y compris, bien sûr, les véhicules rétrofités.
En tant que pôle de compétitivité dont la mission est de développer des solutions innovantes pour maintenir l’activité et l’emploi sur son territoire, Nextmove joue pleinement son rôle en soutenant le rétrofit BioGNV
« Nous avons de fortes compétences en moteurs à combustion interne au sein du Pôle et toute la chaîne de valeur est impliquée en aval pour contribuer à un développement à grande échelle de cette solution », souligne le directeur général de Nextmove.
Réduire rapidement les émissions de GES sans transformation lourde
Parmi les solutions innovantes de rétrofit BioGNV, le Dual Fuel est la façon la plus immédiate et la plus simple à mettre en œuvre sur un véhicule utilitaire léger ou un véhicule lourd. L’équipementier italien Westport Fuel est l’un des leaders mondiaux de cette solution déjà largement déployée dans de nombreux pays mais encore peu connue en France. Ce système permet d’alimenter les moteurs Diesel avec un mélange de gazole et de BioGNV. Avec un taux de remplacement du gazole par du BioGNV de 30 à 40 %.
La réduction moyenne des émissions de CO2 est de l’ordre de 30 à 40 % en approche ACV. Des chiffres qui peuvent être bien supérieurs en fonction du mélange gazole/BioGNV réellement opéré.
« L’adoption du rétrofit Dual Fuel/BioGNV permettrait de passer à grande échelle rapidement. La solution ne nécessite pas de transformations lourdes des moteurs et des véhicules. Elle est fiable et facile à mettre en œuvre et ne coûte que quelques milliers d’euros », explique Nadège Leclercq, Responsable Affaires publiques et Développement chez Westport Fuel. Elle s’inscrit clairement dans le besoin exprimé par la filière de disposer de solutions complémentaires. »
Une opportunité notamment pour les 500 000 artisans du bâtiment et leurs 800 000 véhicules utilitaires légers qui pourraient ainsi franchir à court terme et moindre coût une première marche de décarbonation de leurs utilitaires de travail. Plus globalement, le transport routier de marchandises et de voyageurs, la collecte d’ordures ménagères et bien d’autres secteurs comptent sur le déploiement de cette solution.
> Calculer et comparer les émissions de CO2 de plusieurs carburants (Diesel, GNV / BioGNV, Électrique)
Une défense farouche du mix énergétique et de l’équité entre les énergies
France Mobilité Biogaz (ex-AFGNV) soutient naturellement le rétrofit au regard de tous les atouts économiques et environnementaux qu’il représente. L’association, qui représente l’ensemble de la filière BioGNV française, s’est mobilisée lors de la rédaction des feuilles de route décarbonation des secteurs de l’automobile, du transport de marchandises et du transport de voyageurs afin que cette solution performante et accessible soit prise en compte. De fait, les travaux de la Programmation énergie climat ont intégré le rétrofit de 600 000 VUL (soit 10 % du parc en circulation) dans sa trajectoire.
France Mobilité Biogaz a également été très impliquée dans la préparation de la nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie, la PPE, et plus spécifiquement la stratégie de développement de la mobilité propre.
« Nous avons porté des propositions auprès des pouvoirs publics concernant chacun des secteurs dans le but de respecter les objectifs fixés au niveau européen. Ceux-ci ne sont pas atteignables avec une seule énergie, quelle qu’elle soit. Nous défendons farouchement le mix énergétique : toutes les solutions vertueuses doivent être mises à contribution pour participer à la décarbonation des transports et de la mobilité », prône Selma Treboul, directrice Affaires publiques de France Mobilité Biogaz.
« C’est notre rôle de soutenir le BioGNV et le rétrofit BioGNV », poursuit-elle tout en regrettant la différence de traitement qui subsiste tant au plan de la réglementation que des financements entre rétrofit électrique et rétrofit BioGNV.
« Nous restons mobilisés, avec les différents membres du groupe de travail : Ademe, OTRE, NextMove, Mobilians, Capeb Cara, Unep, FNTP, FNADE, (…) afin d’obtenir le même cadre légal et les aides associées. Nous demandons l’équité. Pour cela, nous avons besoin du soutien du plus grand nombre d’acteurs et au plus haut sommet de l’État. »
L’intégration du BioGNV dans la Tiruert (Loi de finances 2024) est un succès dont la filière peut se féliciter. Au même titre que les autres carburants alternatifs, le BioGNV fera partie des carburants renouvelables qui exonèrent les distributeurs de carburants du paiement de taxe s’ils intègrent suffisamment de BioGNV. « Les objectifs fixés au transport routier en termes de décarbonation sont très élevés. Le BioGNV fait partie de la solution », conclut la directrice Affaires publiques de France Mobilité Biogaz.
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